« C’est un usage qui remonte à
l’Antiquité de convoquer le peuple chrétien à l’assemblée liturgique et
de l’avertir des principaux événements de la communauté locale par un
signal sonore. Ainsi la voix des cloches exprime-t-elle, en quelque
sorte, les sentiments du peuple de Dieu, quand il exulte et qu’il
pleure, quand il rend grâce ou qu’il supplie, quand il se rassemble et
manifeste le mystère de son unité dans le Christ. »
Livre des bénédictions1
C’est le 23 mars 2013, en la veille du dimanche des Rameaux et de la Passion, que la nouvelle sonnerie se fit entendre pour la première fois depuis « les tours retentissantes qui couvrent la ville de leur ombre et de leur bronze et proclament Dieu à l’horizon »2. Les tours de Notre-Dame retrouvent une sonnerie à la hauteur de ce haut lieu de Chrétienté, chef d’œuvre de l’architecture gothique : deux bourdons dans la tour Sud, huit cloches dans la tour Nord, ensemble complété par trois cloches dans la flèche. Le paysage sonore de la Cité est à nouveau rythmé par les tours de la cathédrale d’où s’élèvent les volées des offices et les tintements des heures civiles.
Hommage
«
On ne saurait se faire une idée de [la] joie [de Quasimodo] les jours
de grande volée. […] il montait la vis du clocher plus vite qu’un autre
ne l’eût descendue. [Ses aides…] se pendaient aux câbles, le cabestan
criait, et l’énorme capsule de métal s’ébranlait lentement. […] Le
premier choc du battant et de la paroi d’airain faisait frissonner la
charpente […]. Enfin la grande volée commençait ; toute la tour
tremblait : charpentes, plombs, pierres de taille, tout grondait à la
fois, depuis le pilotis de la fondation jusqu’aux trèfles du
couronnement. […] La cloche déchaînée furieuse présentait
alternativement aux deux parois de la tour sa gueule de bronze, d’où
s’échappait ce souffle de tempête qu’on entend à quatre lieues. »
Victor Hugo, Notre-Dame de Paris3
Si dans la mémoire collective « le » Quasimodo de Victor Hugo est aujourd’hui indissociablement lié aux cloches de Notre-Dame de Paris, qu’il soit rendu hommage aux sonneurs qui se sont succédés au fil des siècles : marguillers et leurs valets, clercs et laïcs, grands et petits sonneurs, garçons sonneurs, petites gens (hypothétiquement clochards) recrutées pour les seconder… jusqu’à quarante hommes réunis les jours de fête…
Parmi tous, les Jean de Chartres, Albert Fabre, Gublin, Guillaume de Compiègne, Laurens, Aubin le Coullat, Côme le Maîstre, Simon Mauves, Jean Montauban… Mais aussi les Gilbert, grands sonneurs de Notre-Dame aux XVIIIe et XIXe siècles : Antoine (né vers 1762), grand sonneur de 1787 à 1820, qui, s’il ne put s’opposer en 1791 et 1792 à la destruction des cloches, préserva la cathédrale de nombreux affres et profanations révolutionnaires et aura la joie en 1802 de faire sonner à nouveau le bourdon Emmanuel ; de même son fils Antoine-Pierre-Marie (1785-1858)4 qui lui succède, et qui lors de la révolution de 1830 protégea le grand orgue et poursuivit les émeutiers qui tentaient d’incendier la charpente du clocher, tout en manquant d’être tué par eux. Et Louis Herbet, grand sonneur dès 1850, « sourd comme un vase étrusque »[noter]L’art de sonner les cloches, Le Gaulois, Paris, 12 avril 1909, p.1[/note], que Victor Hugo tenait en grande estime et avec qui il s’attarda bien des fois dans les tours de Notre-Dame ; il sauva la cathédrale en éteignant l’incendie occasionné par les insurgés de la Commune. Son fils Auguste lui succède en 1892, lui-même remplacé à sa mort en 1906 par sa veuve et son fils Émile jusqu’à l’électrification des cloches et du bourdon Emmanuel en mars 19305.
Louis Herbet, grand sonneur de 1850 à 1892, dans son atelier de reliure dans le beffroi de la tour Nord.
Dessin de G. Redon. « La vie illustrée », 30 mars 1899. © Archives NDP
Hommage soit aussi rendu au bienheureux abbé Claude-Louis Marmotant de Savigny (1748-1792). Curé de Compans-la-Ville dans le diocèse de Meaux, ayant refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé après la chute de la monarchie le 10 août 1792, il fut arrêté et conduit au séminaire Saint-Firmin, proche de la Mutualité. Bien que l’Assemblée ait décrété le 26 août que les prêtres réfractaires devaient quitter le France, il fut exécuté par des révolutionnaires le 3 septembre au matin avec 74 autres prêtres. Leurs corps furent emmenés dans les carrières de la Tombe Issoire. Il fut la victime de cette série de massacres qui eurent lieu du 2 au 4 septembre 1792, à l’Abbaye, aux Carmes, au séminaire Saint-Firmin, à la prison de la Force, 1100 victimes dont 300 ecclésiastiques. Il fut béatifié le 17 octobre 1926 par le pape Pie XI, comme 190 autres prêtres martyrs de la Révolution, morts à cause de leur foi entre 1792 et 1796. Il est fêté le 2 septembre. Il rédigea en 1789 un Ancien Ordre de Sonnerie, relevé minutieux des usages de sonneries à Notre-Dame de Paris au XVIIIe siècle, témoignage de leurs évolutions, manuscrit qui fut précieux dans la rédaction de ce nouvel Ordre de sonnerie en 2013.
Principes
Pour régir l’ensemble de ces sonneries fut rédigé un Ordre de sonnerie , selon la tradition séculaire, basé sur :
– l’étude règlements de sonnerie du XVIIIe siècle, particulièrement le relevé fait en 1789 par l’Abbé Claude-Louis Marmotant de Savigny (Ancien Ordre de Sonnerie,
Archives du Chapitre de l’Église de Paris) afin d’en extraire des
éléments historiques transposables dans le contexte d’une sonnerie en
2013 ;
– les besoins contemporains d’une sonnerie cultuelle pour un édifice tel que Notre-Dame.
Comme il est de tradition, des « particularités locales » ont été restituées ou crées, spécificités qui font la substance identitaire et la singularité d’une sonnerie, d’un lieu de culte, d’une ville… (sonneries qualifiées de remarquable au XVIIIe siècle, sonnerie du Couvre-feu, tintements de l’âge de l’archevêque défunt sur le grand bourdon, sonnerie du Grand Solemnel en démarrant par les deux bourdons, etc…)
Les sonneries de la cathédrale Notre-Dame de Paris se décomposent en quatre grandes catégories :
– la sonnerie des offices (en semaine, le dimanche, sonneries dont l’ampleur est fonction du calendrier liturgique) ;
– la sonnerie de l’Angélus trois fois par jour ;
– la sonnerie des heures civiles
(court motif pour les quarts d’heure, courte mélodie en fonction du
temps liturgique chaque heure, plus d’une cinquantaine de motifs puisés
dans le répertoire musical séculaire de Notre-Dame se succèdent au fil
de l’année liturgique) ;
– la sonnerie de circonstances particulières (Libération de Paris, 11 novembre, événements liés au pontificat, événements nationaux, internationaux, drames de l’Humanité…)
Les cloches sonnent à la même fréquence que ce qui fut pratiqué jusqu’en 2011 ; la seule variante notable est simplement, du fait du nouvel ensemble à disposition (treize cloches sonnant à l’extérieur en 2013 contre cinq en 2011), une plus grande diversité des modes de sonnerie.
Enfin, dans un souci de préservation de ce trésor patrimonial qu’est le grand bourdon historique Emmanuel, son usage est réduit de moitié, réservé aux grandes solennités (Noël, Épiphanie, Pâques, Ascension, Pentecôte, Assomption, Toussaint, ordinations) ainsi que pour la Libération de Paris et le 11 novembre. Il sera suppléé par le bourdon Marie.
Replacement du bourdon « Emmanuel » dans le beffroi Sud en 1851.
Dessin de Daubigny. « L’Illustration », 12 avril 1851. © Archives NDP
Types de sonneries des offices
Ont présidé à la composition des ces sonneries :
– le calendrier liturgique et la teinte de l’événement à sonner qui en ont déterminé l’ampleur,
– l’aspect musical et harmonique (et non pas seulement le poids des cloches sonnées comme ce fut souvent le cas…) des timbres mêlés.
Si les messes sont sonnées par des volées monolithique, pour tous les offices de Vêpres est reprise l’antique tradition de sonner les volées par « grappes » successives de deux à cinq cloches « voisines », des plus aigües aux plus graves. Des sonneries de différentes ampleurs ont été établies sur ce principe et réparties en fonction du calendrier liturgique pour les Vêpres et premières Vêpres. La sonnerie appelée le Grand Vespéral est strictement extraite des pratiques « aux tems anciens » (avant 1763 et l’arrivée de la cloche Françoise). Ce type de sonnerie réitère la tradition séculaire selon laquelle la sonnerie employée pour les premières Vêpres (identique à celle des Vêpres de la fête du lendemain), la veille d’une fête, annonce cette fête à venir le lendemain.
– Le Grand Solemnel
[1, 2, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3] est la sonnerie en volée de l’ensemble
des deux bourdons et des huit cloches. L’usage de cette sonnerie est
réservé aux messes principales des grandes solennités et des grandes
Heures de la cathédrale.
– Le Petit Solemnel
[10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2] est la sonnerie en volée du bourdon Marie
et des huit cloches. L’usage de cette sonnerie est réservé aux messes
des grandes fêtes, aux moments importants de la vie de la cathédrale.
– Le Gros Solemnel ou Bourdonnage
[4, 3, 2, 1] est la sonnerie en volée des deux bourdons et des deux
plus grosses cloches. Cette sonnerie est utilisée pour marquer des
moments bien spécifiques comme l’entrée messianique à Jérusalem après le
rite d’ouverture des portes au dimanche des Rameaux ou encore l’arrivée
à la cathédrale du corps du défunt archevêque de Paris (ou émérite), ou
évêque auxiliaire de Paris (ou émérite) si cette arrivée est dans les
jours qui précèdent les obsèques.
– Le Plenum Nord
[10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3] est la sonnerie en volée de l’ensemble des
huit cloches, grande sonnerie de base principalement utilisée pour les
messes des dimanches du temps ordinaire et certaines solennités tombant
en semaine.
– La Cloche du Chapitre
[HF3] marque de ses tintements les offices ou la mémoire des offices
canoniaux : les Laudes, la messe de 10h00 le dimanche, les offices
auxquels participe le Chapitre.
– L’ Alma [5, 7, 8, 9, 10] reprend par la volée de cinq cloches les notes de l’incipit
de cette antienne mariale. La particularité de cette sonnerie est le
lancement en volée des cloches les plus graves aux plus aigües afin de
retrouver l’intonation de l’ incipit . Cette sonnerie est utilisée pour les messes des fêtes du Seigneur et de la Vierge Marie tombant en semaine.
– L’ Heraclius6 : [10, 9, 7, 6, 5] pour les messes des Octaves de Noël et de Pâques, les messes des dimanches de Laetare et de Gaudete.
– Le Céran7 : [8, 7, 6, 4, 3] aux messes des fêtes des saints martyrs.
– Le Prudence8 : [9, 7, 6, 5, 4] aux messes des fêtes des saints non martyrs.
– Le Victorien9 : [10, 9, 8, 6, 5, 3] aux messes des fêtes des Apôtres.
– Le Deplace10 : [10, 9, 7] aux messes des féries du Carême et de l’Avent.
– Le Revert11 : [8, 6, 5] aux messes des féries du temps ordinaire.
– Le Pousset12 : [7, 6, 5, 3] aux messes des féries de Noël et de Pâques.
– L’ Abeil[Du
nom du chanoine Antoine Abeil, troisième archiprêtre de Notre-Dame de
Paris (1821-1830). « Né dans le diocèse de Saint-Flour en 1763.
Insermenté, il émigra en 1792. Il était chefcier des Quinze-Vingt depuis
1817 quand il fut nommé archiprêtre en 1821. Il resta à la tête de la
paroisse de Notre-Dame jusqu’en 1830. Il était vicaire général depuis
1825. Sa charité ne connaissait pas de limites, comme aussi la misère de
la population qui grouillait dans les ruelles obscures et infâmes de la
Cité. On a calculé qu’en neuf ans, il distribua 30.000 francs d’aumônes
et, pour répondre à sa générosité, ses paroissiens le cherchèrent
pendant les émeutes de 1830 afin de le massacrer. Cette noire
ingratitude l’affligea à un tel point qu’il perdit une partie de sa
raison ; il donna sa démission d’archiprêtre, de chanoine et de vicaire
général et se retira dans l’Île Saint-Louis. Confiné dans une obscurité
complète, il ne songeait qu’à la mort qui arriva pour lui comme une
délivrance le 2 décembre 1844. » René FARCY : Les archiprêtres de Notre-Dame dans Les Chroniques de Notre-Dame, « La Visitation »
– 1946, p. 14[/note]: [10, 9, 6, 4] aux vénération des reliques hors
Carême, au mercredi des Cendres, à la fête de la Croix Glorieuse.
– La cloche Gabriel [3] aux vénérations reliques en Carême.
– Le Landry[Du
nom du vingt-huitième évêque de Paris (en 653-654), « sa charité et son
zèle pour le salut des âmes lui ont acquis une popularité que le temps
n’a point affaiblie. [… Il] fut le premier évêque de Paris qui voulut
donner à la maison des pauvres malades [longtemps appelée hôpital
Saint-Christophe, aujourd’hui Hôtel-Dieu] des revenus fixes et assurés.
[… Il y] consacra toute sa fortune et les dons qu’il put recueillir. »
L. JAUNAY, op. cit., pp. 39-40[/note] : [8, 7, 5, 4] aux messes des
fêtes des saints « majeurs » du calendrier parisien.
– L’ Agilbert13 : [10, 7, 6, 4] aux messes des fêtes des saints « mineurs » du calendrier parisien.
– Les quatre Coins : [6, 5, 4, 3] pour les messes des dimanches de l’Avent et du Carême.
– Le Grand Vespéral est strictement extrait des pratiques « aux tems anciens » (avant 1763 et l’arrivée de la cloche Françoise) : « cette sonnerie étoit simple, noble, majestueuse. […] Cette manière de sonner qui étoit de la plus haute antiquité… » 14
; elle est réservée, comme à l’origine, à l’annonce premières Vêpres et
Vêpres des solennités majeures. Les cloches y sonnent par groupe de
quatre contigües, en trois séquences : [9, 8, 7, 6], [6, 5, 4, 3], [4,
3, 2, 1].
– La Carmélite15
pour les Vêpres des dimanches du temps pascal et de Noël et grandes
fêtes autres que les solennités majeures. Les cloches y sonnent par
groupe de cinq contigües, de Jean-Marie [10] à Gabriel [3], en quatre séquences.
– La Réparatrice16
pour les Vêpres des solennités autres que majeures et des dimanches du
temps ordinaire. Les cloches y sonnent par groupe de quatre contigües,
de Maurice [9] à Gabriel [3], en quatre séquences.
– La Miséricorde[Pour
faire mémoire des Sœurs de Marie-Joseph et de la Miséricorde,
religieuses apostoliques qui, de 1872 à avril 2013, œuvrèrent chaque
jour et chaque nuit au Dépôt de la Préfecture de Police sur l’Île de la
Cité. Auprès des détenues qui y transitaient, souvent en situation
d’angoisse, de souffrance, elles offrirent une présence de respect,
d’écoute, de non jugement, révélant ainsi à l’autre le prix qu’il a à
leurs yeux, et lui révéler celui qu’il a aux yeux de Dieu[/note] pour
les Vêpres des dimanches de Carême et de l’Avent. Les cloches y sonnent
par groupe de trois contigües, de Benoît-Joseph [8] à Gabriel [3], en quatre séquences.
– La Bethléem[En
hommage aux Petites Sœurs de Bethléem qui, insérées au cœur de Paris
dans la Monastère Notre-Dame de la Présence de Dieu, mènent dans la
prière une réelle vie de solitude, de silence et de communion
fraternelle, selon la sagesse de vie de saint Bruno et la dévotion en la
Vierge glorifiée de l’Assomption[/note] pour les Vêpres de semaine
autres que celles des Féries du temps ordinaire, de l’Avent, et du
Carême. Les cloches y sonnent par groupe de trois contigües, de Étienne [7] à Gabriel [3], en trois séquences.
– La Visitandine17
: pour les Vêpres de semaine des Féries du temps ordinaire, de l’Avent,
et du Carême. Les cloches y sonnent par groupe de trois contigües, de Jean-Marie [10] à Marcel [6], en trois séquences.
– Les quatre Moyneaux : [10, 9, 8, 7] pour les mariages
– Les Benjamines : [10, 9, 8] pour les baptêmes
Coupe du beffroi de la tour Nord reconstruit sur les plans de Viollet-le-Duc et Lassus en 1850.
© Archives NDP
Annonce des Messes, Laudes et Vêpres
Le déclenchement des sonneries en volée est :
– à h-14’ pour les offices dominicaux (premières Vêpres du dimanche et
messe anticipée comprises) et assimilés (grandes célébrations en semaine
autres que les offices habituels),
– à h-10’ pour les offices de semaine .
En horaires du type « semaine » (du lundi matin à la messe du samedi à 12h00 incluse) :
– la messe de 8h00 n’est sonnée qu’à l’Immaculée Conception (8
décembre), la Commémoration de tous les fidèles défunts (2 novembre) et
le Mercredi des Cendres ;
– la messe de 9h00 aux solennités, Octaves,
fêtes (du Seigneur, de la Bienheureuse Vierge Marie, de saints Apôtres
et Évangélistes, de saints martyrs, de saints non martyrs, de saints du
calendrier diocésain de Paris) et aux quelques autres jours plus
particulièrement marqués (dédicace du Latran, Mercredi des Cendres,
Commémoration de tous les fidèles défunts) ; cette sonnerie sera de 5
minutes.
– la messe de 12h00, les Vêpres à 17h45 et la messe de 18h15 : tous les jours.
En horaires du type « dimanche » (valable aussi pour les solennités en semaine dont les horaires sont calés sur ceux du dimanche) :
– premières Vêpres à 17h45 et messe anticipée à 18h30 ;
– Laudes, messes de 10h00, 11h30, 12h45, Vêpres, messe de 18h30 ;
– la messe de 8h30 n’est sonnée qu’à Noël, Pâques, l’Assomption, et
pour la Commémoration de tous les fidèles défunts (2 novembre).
La cloche du Chapitre [HF3] est sonnée avant tous les offices concernant directement le Chapitre :
– tous les offices des Laudes ;
– messe grégorienne de 10h00 ;
– office des Vêpres présidé par le doyen dont Immaculée Conception (8
décembre), Présentation au Temple (2 février), Dédicace (16 juin).
Sonneries pendant les offices
La consécration est sonnée au moyen des trois cloches du comble :
– par un coup à l’épiclèse ;
– à l’élévation du Corps et à l’élévation du Sang, par un tintement sur
chacune des trois cloches du comble couplées aux trois de la flèche.
Cette sonnerie est identique à toutes les messes, aucune distinction
n’est faite
Du 17 au 23 décembre, le Plenum Nord est sonné pendant les Vêpres, au moment du chant des « grandes antiennes Ô ».
Lors des ordinations, l’imposition des mains est marquée par une sonnerie en volée :
– du bourdon Emmanuel et du bourdon Marie aux ordinations épiscopales, le temps de l’imposition ;
– du bourdon Emmanuel aux ordinations sacerdotales, au début de l’imposition ;
– du bourdon Marie aux ordinations diaconales.
Au Jeudi Saint et à la vigile pascale, au moment du Gloria, sonnerie du Grand Solemnel.
Sonneries à la fin des offices
Le Petit Solemnel est sonné :
– à la fin des ordinations épiscopales, sacerdotales et diaconales ;
– à la fin de la dernière messe du jour de Noël, de Pâques, de l’Assomption et de la Toussaint ;
– à la fin de la dernière messe du Mardi gras18.
Sonnerie du bourdon « Emmanuel » à la force de huit sonneurs.
Dessin de G. Redon. « La vie illustrée », 30 mars 1899. © Archives NDP
Sonneries d’annonce de décès et aux sépultures
Annonce du décès (inspirée des pratiques aux XVIIIe, XXe et XXIe siècles) :
– du pape : tintement de l’âge sur Emmanuel, sonnerie du Grand Solemnel à l’issue ;
– de l’archevêque ou archevêque émérite : tintement de l’âge sur Emmanuel, volée des deux bourdons à l’issue ;
– d’un évêque auxiliaire ou auxiliaire émérite : tintement de l’âge sur Marie, volée des deux bourdons à l’issue ;
– du doyen en exercice, du recteur-archiprêtre en exercice : tintement de l’âge sur Marie, volée de Marie et tintement de la cloche du Chapitre à l’issue ;
– d’un chanoine titulaire, d’un chanoine honoraire : tintement de l’âge sur Gabriel, volée de Gabriel et tintement de la cloche du Chapitre à l’issue ;
– d’un prêtre de la cathédrale (autre que chanoine) : tintement de l’âge sur Anne Geneviève, volée de Anne Geneviève à l’issue.
À l’arrivée à la cathédrale du corps du défunt archevêque de Paris (ou émérite) ou évêque auxiliaire de Paris (ou émérite), et seulement si celle-ci est dans les jours précédents les obsèques, on sonne le Grand Solemnel.
Lors de la célébration des obsèques, les glas sont sonnés :
– au début et à la sortie : glas tinté (tintements d’une séquence litanique sur plusieurs cloches ; aucune cloche n’est mise en volée) ;
– à l’absoute : glas romain (volée d’une cloche avec tintements alternés sur plusieurs cloches entre chaque frappe du battant sur la cloche mise en volée) ;
Sonnerie des heures civiles
Depuis les années 2000, a été reprise l’habitude de sonner les heures par tintements sur les cloches de la tour Nord. La sonnerie des heures civiles à Notre-Dame est attestée dès la fin du XIVe siècle où incombait au chambrier laïc, au moyen d’une horloge dans le cloître et d’une autre placée dans la cathédrale, le soin de faire attremper les horloges et cheoir et sonner à toutes heures du jour et de la nuit pour indiquer aux marguilliers l’instant venu de sonner les cloches pour les offices. En 1766, un mécanisme d’horloge est installé dans un cabinet vitré placé en porte-à-faux dans la galerie de la rosace Nord, à l’intérieur de la cathédrale ; il est relié à trois cloches sonnant les heures civiles et installées à l’extérieur dans l’une des tourelles du transept. Ces trois dernières cloches, sauvées des affres de la Révolution, sont installées en 1812 dans la tour Nord pour y sonner à la fois les offices et les heures civiles. Dans les années 1860, la sonnerie des heures civiles est confiée aux cloches reliées à l’horloge du comble ; elle se fait entendre à l’intérieur de la cathédrale (cloches du comble) et à l’extérieur (cloches de la flèche). Cette pratique est encore en vigueur dans les années 1960 comme en témoignent plusieurs enregistrements discographique à l’intérieur de la cathédrale. À la fin des années 1980, cette sonnerie, alors hors service, est vraisemblablement restaurée et aussitôt neutralisée de par la gêne qu’elle cause pendant les offices, les concerts, mais aussi la nuit pour le voisinage… le problème étant l’impossibilité de neutraliser automatiquement le système à certaines heures. En 2012, les trois cloches extérieures sont équipées de marteaux de tintements et sonnent les offices et les heures civiles alors que les cloches de la tour Nord sont déposées.
De 8h00 à 21h00, le principe est :
– à l’heure : mélodie et nombre d’heure ;
– au quart : un motif musical concis ;
– à la demie : deux motifs musicaux concis ;
– aux trois quarts : trois motifs musicaux concis.
Pour les quarts la sonnerie est une création inspirée de thèmes du Livre Vermeil de Montserrat (Laudemus Virginem, « Louons la Vierge » et Splendens ceptigera, « Joyau resplendissant » composés au XIVe siècle) ; elle reste la même tout au long de l’année :
Pour les heures, une mélodie tintée agrémente les sonneries de 8h à 21h ; elle est immédiatement suivie du nombre de tintement fonction de l’heure sur la cloche Gabriel [3] , plus grosse cloche de la tour Nord. Ces mélodies, une cinquantaine puisées dans le répertoire séculaire et actuel de Notre-Dame de Paris, se répartissent en fonction de l’année liturgique, temps et fêtes, et tiennent compte le cas échéant des premières vêpres.
La mélodie préludant aux coups des heures est distincte tous les jours aux trois heures qui précèdent l’Angelus Domini19 , 12h et 19h. Une hymne ou une antienne mariales y est alors donnée, fonction du temps liturgique.
Tous les soirs après la sonnerie de 21h, la dernière sonnerie de la journée tinte les strophes de l’hymne des Complies : Te lucis ante terminum. Rerum Creator, poscimus, Ut pro tua Clementia Sis præsul et custodia (Hymne des Complies : « Avant que la lumière ne disparaisse, nous te supplions, ô Créateur de toutes choses, d’être dans ta clémence notre protecteur et notre gardien. » Prose du VIIe siècle). Est ainsi par cette sonnerie remise en vigueur et réinterprétée la tradition séculaire de la sonnerie du Couvre-feu.
Sonnerie de l’Angelus Domini
«
Le Synode a recommandé d’encourager parmi les fidèles la récitation de
la prière de l’Angelus Domini. Il s’agit d’une prière simple et profonde
qui, en union avec la Mère de Dieu, nous permet de nous « remémorer
chaque jour le mystère du Verbe incarné ». Il est opportun que le Peuple
de Dieu, les familles et les communautés de personnes consacrées soient
fidèles à cette prière mariale que la tradition nous invite à réciter à
l’aurore, à midi et au coucher du soleil. Dans la prière de l’Angelus
Domini, nous demandons à Dieu, par l’intercession de Marie, qu’il nous
soit donné d’accomplir comme elle la volonté de Dieu et d’accueillir en
nous sa Parole. Cette pratique peut nous aider à approfondir en nous un
authentique amour pour le mystère de l’Incarnation. »
Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini du Pape Benoît XVI20
Trois fois par jours, cette sonnerie appelle les fidèles à prier la Vierge Marie par la récitation de l’Angelus Domini. Elle est structurée en trois fois trois tintements, suivis d’une volée, et ce trois fois par jour :
– Matin : 8h00 (9h00 les samedis, dimanches et jours fériés)
– Midi : 12h00
– Soir : 19h00
La sonnerie se déclenche à 8h02 (ou 9h02), 12h02 et 19h02 pour être dissociée de la sonnerie des heures civiles. La cloche Anne Geneviève [4] ne participe pas à ces sonneries du fait qu’elle précède toujours la sonnerie de l’Angelus Domini dans la sonnerie de l’heure civile. Pour répondre à la prescription n°195 du Directoire sur la piété populaire et la liturgi («
Il est donc souhaitable que […] dans les sanctuaires dédiés à la
bienheureuse Vierge Marie […] l’Angelus Domini […] soit solennisé, par
exemple, par le chant des Ave Maria, et par la proclamation de
l’évangile de l’Annonciation, ainsi que la sonnerie des cloches. » Directoire sur la piété populaire et la liturgie, Cité du Vatican, 13 mai 2002, n°195) , la mélodie des heures civiles qui précèdent chaque jour l’Angelus Domini (8h (ou 9h), 12h et 19h) est extraite d’une hymne ou une antienne mariale fonction du temps liturgique .
Tout au long de l’année, du lundi de Pentecôte au Mardi gras inclus :
– Matin : trois coups sur Étienne [7], trois coups sur Marcel [6], trois coups sur Denis [5], volée sur Jean-Marie [10]
– Midi : idem tintements, volée sur Maurice [9]
– Soir : idem tintements, volée sur Benoît-Joseph [8]
Pendant le Carême :
– Matin : trois fois trois coups sur Étienne [7], volée sur Jean-Marie [10]
– Midi : idem tintements, volée sur Maurice [9]
– Soir : idem tintements, volée sur Benoît-Joseph [8]
Au temps pascal, le Regina cæli21 :
– Matin : trois coups sur Étienne [7], trois coups sur Marcel [6], trois coups sur Denis [5], volée sur Jean-Marie [10] et Maurice [9]
– Midi : idem tintements, volée sur Maurice [9] et Benoît-Joseph [8]
– Soir : idem tintements, volée sur Jean-Marie [10] et Benoît-Joseph [8]
Sonneries pour des circonstances particulières
Le
propre de ces sonneries étant leur particularité, leur teneur sera
décrétée par le recteur-archiprêtre, desservant affectataire, qu’il
s’agisse d’une sonnerie cultuelle ou civile.
Deux catégories pourront se détacher :
– Joies : on sonnera le Grand Solemnel, sonnerie rayonnante
– Peines : on sonnera le bourdon Emmanuel seul ou accompagné du bourdon Marie, sonnerie grave qui prêtera sa voix pour traduire les sentiments de deuil général.
Le Bourdon Emmanuel
sera réservé aux événements nationaux et ceux liés au pontificat.
D’autres événements internationaux pourront être marqués, le bourdon Emmanuel ne sera alors pas employé, on fera usage du bourdon Marie.
Le Petit Solemnel est sonné tous les ans le 1er janvier à 00h00.
Événements liés au pontificat :
– Décès du pape : à l’annonce, tintement de l’âge sur le bourdon Emmanuel, sonnerie du Grand Solemnel à l’issue ; à la messe de requiem, sonnerie des deux bourdons.
– Élection d’un nouveau pape : à l’annonce, sonnerie du Grand Solemnel ; idem à la messe d’action de grâce célébrée à Notre-Dame ; idem pour la messe de prise de possession du siège au Vatican.
25 août, Libération de Paris : sonnerie du Grand Solemnel à 19h00.
11 novembre, Armistice de la première Guerre mondiale : sonnerie du Grand Solemnel à 11h00.
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